Edito du 22 janvier 2020 : INQUIETUDE FRANCAISE FACE AUX VIOLENCES AU LIBAN

Par Elias Masboungi

INQUIETUDE FRANCAISE FACE AUX VIOLENCES AU LIBAN

Craintes également d’escales de terroristes européens évadés d’Idlib

La France est de plus en plus préoccupée par la situation au Liban et constate que les scènes d’émeutes dans les rues de Beyrouth perdent de plus en plus leur aspect pacifique et revendicatif et prennent un tournant dangereux dans un pays où la population est armée dans une grande proportion. Crainte française également de la possibilité de présence de transfuges européens des camps de détention de terroristes d’Idlib.

Depuis quelques jours, des responsables  proches de l’Elysée, du Quai d’Orsay et du ministère de la Défense ont confié à des diplomates arabes en poste à Paris que la tournure prise par la mobilisation dans le rues des grandes ville libanaises peut dégénérer à, tout moment et invitent les dirigeants de Beyrouth à mettre sur pied le plus rapidement possible un « véritable  gouvernement d’urgence et de crise » capable d’enrayer la détérioration et d’agir aux niveaux politique et économique grâce à un plan qui figurerait dans la déclaration ministérielle à présenter à l’Assemblée pour obtenir sa confiance avant de passer à l’action.

En langage diplomatique, cette vive inquiétude française a été exprimée hier en ces termes par la porte-parole du Quai d’Orsay qui répondait à la question d’un journaliste lors de son point de presse quotidien :

«La France est préoccupée par les violences constatées au cours de ces derniers jours au Liban.  Elle souligne la nécessité que les aspirations légitimes portées par les manifestants s’expriment par des voies pacifiques et réaffirme son attachement au droit de manifestation. Dans la grave crise économique et sociale que traverse le Liban, et compte tenu des violences récentes, l’urgence est qu’un nouveau gouvernement mette en œuvre un ensemble crédible de réformes pour répondre aux attentes exprimées par les Libanais depuis plus de trois mois. La France entend, comme toujours, se tenir aux côtés du peuple libanais ».

Débordant le cadre libanais et dans un commentaire devant un groupe restreint de journalistes libanais et arabes, un diplomate retraité a, par ailleurs, laissé entendre que l’inquiétude française tient compte également de la situation en Syrie où le relâchement de la garde des terroristes dans les camps de détention de la région d’Idlib risque de voir s’évader des éléments de « daech » originaires de France et d’autres pays européens qui pourraient gagner le Liban. Pour se mêler aux centaines de milliers de réfugiés syriens avant de tenter de tenter de gagner la Libye qui semble devenir le nouveau lieu de rassemblement des « soldats de l’islam ». Ou alors de regagner leurs pays d’origine individuellement ou par petits groupes.

Des services de renseignement français et européens seraient sur les dents, a ajouté ce diplomate pour repérer ces individus, tâche d’autant plus difficiles que les geôliers kurdes des camps d’Idlib se trouvent a-t-il expliqué, dans l’incapacité de donner des informations précises sur d’éventuelles évasions de terroristes et encore moins sur leurs identités.