Hier encore, le Liban et la Syrie étaient sous mandat français.
Après l’indépendance, en 1943, les deux pays adoptaient des Constitutions leur permettant de fonctionner tant bien que mal en système libéral multiconfessionnel avec trois pouvoirs séparés avec, à Damas, un chef de gouvernement chrétien, Farès El Khoury qui a clamé haut et fort son identité arabe.
Au Liban, le maronite Béchara El-Khoury a géré le pays en parfaite entente avec le sunnite Riad Solh dans le cadre une formule supposée provisoire, basée sur une répartition communautaire prônant une « démocratie consensuelle » dont on cherche encore aujourd’hui la définition exacte…
En Syrie, l’instabilité s’est manifestée dès les premières années par des coups d’Etat militaires et civils dont les héros (Husni Al-Zaïm, Khaled Al Azm, Adib Chichakli, Salah Bitar et Amine Hafez) ont gouverné par alternance jusqu’en 1972, année où un certain Hafez El-Assad a pris les rênes du pouvoir pour un demi-siècle.
Sa recette était d’une simplicité étonnante. Laisser la majorité sunnite commerçante s’enrichir avec l’assurance que la triple devise « Unité, Liberté et Socialisme » resterait un simple slogan…
Après cette longue parenthèse, la Syrie retrouve ses anciens démons dont le communautarisme n’est pas le moindre mal.
Ceux qui se réjouissent aujourd’hui de la chute de la « dictature alaouite » se retrouvent devant le même dilemme : le sort des « minorités ».
A savoir des communautés qui rejettent cette qualification et réclament aux héritiers de « Daech » un régime démocratique égalitaire.
Retour donc à la case-départ.
Rien d’étonnant de voir aujourd’hui le chef de l’ancienne puissance mandataire, Jean-Noël Barrot visiter la Syrie pour y rencontrer les chefs religieux chrétiens bien avant de s‘entretenir avec le nouvel homme fort du pays.
Avec, dans la rue, la traque interminable des méchants alaouites, la profanation de mosquées et sanctuaires chiites sur fond d’exécutions sommaires dans la rue et d’expéditions punitives.
Sombres perspectives pour cette Syrie, bastion de l’arabisme érigé sur les fondements des croyances monothéistes.
Années difficiles pour ceux qui rêvent encore d’un Etat moderne et d’une patrie où il ferait bon de vivre.
E.M.