Paris dément les propos attribués par Maariv à Le Drian sur une attaque contre le Liban

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Photo d'archives REUTERS

Paris dément les propos attribués par Maariv à Le Drian sur une attaque contre le Liban : Le Quai d’Orsay fait état de « spéculations sans fondement ».

par Elias Masboungi

Le Quai d’Orsay a démenti hier les propos attribués dimanche par le quotidien israélien Maariv au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, selon lesquels la France « aurait demandé à Israël de n’engager aucune action militaire contre le Liban avant la formation d’un nouveau gouvernement ».

À la question : « Est-il exact que vous avez demandé à Israël, comme l’évoquent certains articles de presse, de n’entreprendre aucune frappe militaire au Liban avant la formation d’un gouvernement dans ce pays ? », la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès von der Mühll, a répondu, lors d’un point de presse hier, qu’il s’agissait là « de spéculations sans aucun fondement ».  Alors qu’on lui demandait si M. Le Drian avait, comme il était également rapporté par Maariv, indiqué que la France avait récemment cessé de fournir son aide à l’armée libanaise, elle a répété qu’il s’agissait là de spéculations sans fondement.

Le quotidien Maariv avait rapporté dimanche que M. Le Drian avait déclaré que lui et d’autres hauts responsables français avaient « demandé à Israël d’attendre la formation d’un nouveau gouvernement au Liban avant toute action militaire ». D’après ces mêmes sources, M. Le Drian a prévenu que le président Emmanuel Macron annulerait sa visite au Liban au cas où un cabinet n’était pas formé. Cette déclaration attribuée par Maariv au ministre français avait fait – sans jeu de mots – l’effet d’une bombe dans la presse et les milieux politiques libanais.

Le chef de la diplomatie française aurait également indiqué, selon le quotidien israélien, que la France avait récemment cessé de fournir son aide à l’armée libanaise. « Nous condamnons fermement les envois d’armes par l’Iran à l’aile militaire du Hezbollah », aurait-il affirmé, selon Maariv. « Nous voulons avant tout, et nous l’avons dit au président israélien, que les Libanais eux-mêmes sortent de leur conflit politique afin de constituer rapidement un gouvernement », aurait ajouté le ministre français, confirmant que le président Emmanuel Macron avait annulé sa visite au Liban prévue en février.

« La France est attentive à la situation au Liban et souhaite qu’un gouvernement soit maintenant formé au plus vite », a poursuivi Mme Von der Mühll dans sa réponse aux “spéculations” parues dans Maariv. Elle considère qu’il s’agit là d’une nécessité pour que la souveraineté, la sécurité et la stabilité du Liban prévalent dans un contexte régional difficile. Elle souhaite que les engagements pris par les autorités libanaises et les partenaires internationaux lors des conférences CEDRE et ROME II soient respectés et mis en œuvre », a ajouté la porte-parole.

Elle a en outre indiqué que « la France, elle-même, maintient ses engagements et continue d’apporter son soutien à l’armée libanaise et aux Forces de sécurité intérieure ». Elle appelle en outre au « strict respect des résolutions du Conseil de sécurité » et salue « l’engagement de la Finul pour que le calme soit maintenu le long de la ligne bleue, à la frontière entre le Liban et Israël ».

Dans ce contexte, des cercles diplomatiques arabes à Paris notent que dans les déclarations faites à la presse il y a trois jours, lors de la cérémonie traditionnelle de présentation des vœux du Nouvel An dans les salons du Quai d’Orsay, le chef de la diplomatie française, soulignant la gravité de la situation au Liban, avait déclaré : « Nous sommes très fermes sur l’envoi d’armes de la part de l’Iran à la branche armée du Hezbollah que nous condamnons fermement. Nous avons dit au président israélien que les Libanais eux-mêmes sortent de leur situation conflictuelle politique pour se doter rapidement d’un gouvernement. Parce que l’on ne peut pas aujourd’hui se contenter de cette situation surréaliste qui fait qu’il y a eu des élections il y a déjà plusieurs semaines et que les tractations n’aboutissent pas à l’instauration d’un gouvernement. »